lundi 27 janvier 2020

Christian Laborie - Dans les yeux d'Ana





Résumé

Il a suffi d'une lettre pour que la vie de Sarah Goldberg bascule. La voici héritière d'une maison dans les Cévennes, où pourtant elle n'a aucune attache. Serait-ce une erreur ? Il y a tant d'ombres dans la vie de Sarah... Sa mère, Ana, morte trop tôt, ne s'est guère confiée sur son passé. Quittant ses missions diplomatiques, Lausanne et son compagnon, Sarah découvre la maison, prête à la revendre au plus tôt. Mais rapidement les lieux livrent leurs secrets : une inscription, " Ne cherchez pas à savoir " ; une trappe donnant accès à une cache. Et, derrière une pierre descellée, un cahier d'écolier : le journal d'Ana.
Défilent alors sous les yeux de Sarah les souffrances et les espoirs de la vie d'errance de sa mère et des siens, depuis la fin des années 1920 jusqu'aux rafles de 1943.

Mon avis

Le premier sentiment qui me vient en écrivant ce retour de lecture est l’émotion. Je la connais pourtant l’Histoire. Celle des juifs, le port de l’étoile jaune, les rafles, les cachettes, les dénonciations, les camps de concentration, les chambres à gaz, la résistance, ceux qui ne craignent pas d’aider et ceux qui au contraire passent de l’autre côté.

J’ai lu le roman de Christian Laborie, avec la peur au ventre, parce que je savais que je n’allais pas sourire à chaque page.

Pourtant, je me laisse happer par l’histoire de Sarah qui démarre mal, avec le décès de ses parents. Elle reçoit en héritage une maison et commence alors sa quête.

Sarah est une héroïne froide et déterminée. Son compagnon ne lui est d’aucune aide, il pense qu’elle ne doit pas déterrer le passé. D’ailleurs une des phrases qu’elle voit en premier sur les murs de son nouveau chez elle est « ne cherchez pas à savoir ».

L’histoire est racontée en deux temps. Tout d’abord par la lecture du journal d’Ana que Sarah découvre peu à peu. Comme elle s’installe dans la bâtisse qu’elle a reçue en héritage, elle s’imprègne de la vie qu’a menée sa mère. Même si les habitants ne lui parlent guère et ne lâchent rien sur l’époque, elle sent bien qu’il y a un mystère. Elle ne comprend d’ailleurs pas pourquoi, elle a cette maison de la part d’une femme qu’elle ne connaît pas et qui ne fait pas partie de sa famille. Il faudra bien du courage à Sarah pour découvrir le douloureux passé de ses parents. La quête est longue et difficile, surtout quand elle tombe amoureuse de Rodolphe. Mais qui est-il vraiment ?

J’ai eu beaucoup de peine à lire toute la vie d’Ana. Une jeune fille qui est devenue adulte bien avant l’âge. Des moments de frayeur jalonnent son histoire, et je remercie tout le talent de l’auteur qui a si bien su le retranscrire. Tout comme les personnages, j’avais la peur au ventre d’être découverte. Jusqu’à la fin du livre, le lecteur est tenu en haleine. La haine et la colère sont omniprésentes dans cette histoire, mais aussi la solidarité et l’entraide, la générosité et la fraternité. Ces sentiments se chevauchent, s’entrecroisent, se mélangent, si bien je ne sais plus à qui faire confiance.
Sarah découvre sa mère en même temps que moi et elle n’est pas au bout de ses surprises. Elle comprend petit à petit pourquoi, elle n’en parlait jamais. Il est difficile de délier les langues, les habitants ont tellement été traumatisés par les évènements qu’ils n’ont pas envie de le revivre en pensée.

La fin est imprévisible et mes larmes coulent. Je vous recommande fortement de vous plonger dans les yeux d’Ana. Vous n’en sortirez pas indemne.  


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