Il a
suffi d'une lettre pour que la vie de Sarah Goldberg bascule. La voici
héritière d'une maison dans les Cévennes, où pourtant elle n'a aucune attache.
Serait-ce une erreur ? Il y a tant d'ombres dans la vie de Sarah... Sa mère,
Ana, morte trop tôt, ne s'est guère confiée sur son passé. Quittant ses
missions diplomatiques, Lausanne et son compagnon, Sarah découvre la maison,
prête à la revendre au plus tôt. Mais rapidement les lieux livrent leurs
secrets : une inscription, " Ne cherchez pas à savoir " ; une trappe
donnant accès à une cache. Et, derrière une pierre descellée, un cahier
d'écolier : le journal d'Ana.
Défilent
alors sous les yeux de Sarah les souffrances et les espoirs de la vie d'errance
de sa mère et des siens, depuis la fin des années 1920 jusqu'aux rafles de
1943.
Mon
avis
Le
premier sentiment qui me vient en écrivant ce retour de lecture est l’émotion. Je
la connais pourtant l’Histoire. Celle des juifs, le port de l’étoile jaune, les
rafles, les cachettes, les dénonciations, les camps de concentration, les chambres
à gaz, la résistance, ceux qui ne craignent pas d’aider et ceux qui au
contraire passent de l’autre côté.
J’ai lu
le roman de Christian Laborie, avec la peur au ventre, parce que je savais que
je n’allais pas sourire à chaque page.
Pourtant,
je me laisse happer par l’histoire de Sarah qui démarre mal, avec le décès de
ses parents. Elle reçoit en héritage une maison et commence alors sa quête.
Sarah
est une héroïne froide et déterminée. Son compagnon ne lui est d’aucune aide,
il pense qu’elle ne doit pas déterrer le passé. D’ailleurs une des
phrases qu’elle voit en premier sur les murs de son nouveau chez elle est « ne
cherchez pas à savoir ».
L’histoire
est racontée en deux temps. Tout d’abord par la lecture du journal d’Ana que
Sarah découvre peu à peu. Comme elle s’installe dans la bâtisse qu’elle a reçue
en héritage, elle s’imprègne de la vie qu’a menée sa mère. Même si les
habitants ne lui parlent guère et ne lâchent rien sur l’époque, elle sent bien
qu’il y a un mystère. Elle ne comprend d’ailleurs pas pourquoi, elle a cette
maison de la part d’une femme qu’elle ne connaît pas et qui ne fait pas partie
de sa famille. Il faudra bien du courage à Sarah pour découvrir le douloureux
passé de ses parents. La quête est longue et difficile, surtout quand elle
tombe amoureuse de Rodolphe. Mais qui est-il vraiment ?
J’ai eu
beaucoup de peine à lire toute la vie d’Ana. Une jeune fille qui est devenue adulte
bien avant l’âge. Des moments de frayeur jalonnent son histoire, et je remercie
tout le talent de l’auteur qui a si bien su le retranscrire. Tout comme les personnages,
j’avais la peur au ventre d’être découverte. Jusqu’à la fin du livre, le lecteur
est tenu en haleine. La haine et la colère sont omniprésentes dans cette histoire,
mais aussi la solidarité et l’entraide, la générosité et la fraternité. Ces
sentiments se chevauchent, s’entrecroisent, se mélangent, si bien je ne sais
plus à qui faire confiance.
Sarah
découvre sa mère en même temps que moi et elle n’est pas au bout de ses
surprises. Elle comprend petit à petit pourquoi, elle n’en parlait jamais. Il
est difficile de délier les langues, les habitants ont tellement été
traumatisés par les évènements qu’ils n’ont pas envie de le revivre en pensée.
La fin
est imprévisible et mes larmes coulent. Je vous recommande fortement de vous plonger
dans les yeux d’Ana. Vous n’en sortirez pas indemne.
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