Résumé
«
Ainsi vivait cette petite fourmilière, reflet de la société des hommes. Le pire
et le meilleur s’y côtoyaient. Avec ses règles, ses valeurs, sa morale, ses
maîtres et ses valets, ses lions et ses moutons. Et toujours, comme dehors, la
même volonté d’écraser les autres à la moindre occasion. On dit souvent que la
prison est l’école du crime. Je crois surtout, au moins pour les surveillants,
que c’est une école de la vie. Un fabuleux laboratoire où peuvent s’examiner
tout à loisir les diverses facettes de la nature humaine. Les plus sombres
comme les plus lumineuses. Où l’on s’aperçoit que, mis en communauté, l’homme
n’a de cesse de recréer les règles qui l’ont fait exclure de la société.
Hiérarchisation systématique des rapports humains, intolérance à l’égard de
ceux qui ont le tort d’être différents... Ils n’ont plus la liberté, ils
rejettent avec force l’égalité, beaucoup ignorent la fraternité. Mais ils
vivent dans les prisons de la République ! »
Après
La chute d’Adrien Jean-Michel Sieklucki aborde à nouveau la vie carcérale,
qu’il observe cette fois-ci par les yeux d’un jeune surveillant. Ce roman
palpitant et débordant d’humanité met en lumière les difficultés auxquelles
sont confrontés les membres de l’administration pénitentiaire pour mener une
vie normale.
Mon
avis
Grégoire
Dumonchel a vingt-cinq ans et il vient de réussir le concours d’entrée dans l’administration
pénitentiaire.
Il
est fier et croit en son métier, à savoir aider ceux qui sont abandonnés par la
justice. Il a la vocation et espère exercer son travail dans la sérénité.
C’est
mal connaître ce milieu. Le lecteur comprend immédiatement que l’auteur maîtrise
parfaitement son sujet.
Je
suis rapidement happée par l’histoire de ce surveillant qui réalise son rêve. C’était
sans compter sur les individus qui ne ressemblent en rien à ce qu’il a imaginé.
Même si Grégoire savait qu’il n’avait pas dans sa prison, des enfants de chœur,
il était loin de penser à ce qu’on pouvait lui demander à lui, jeune diplômé. Quand
il se fait accoster chez lui, il ne comprend pas où cela va l’emmener et arrive
« le temps des exigences ». Le titre prend alors tout son sens.
Il
refuse de se laisser intimider, mais malheureusement les sollicitations se font
de plus en plus violentes à l’extérieur. Obligé de déménager et de ne pas mêler
sa copine à ses ennuis, le lecteur suit avec angoisse le suspense qui monte
crescendo au fil des pages.
Je
constate que Grégoire n’est pas seul. Il a des amis sur qui il peut compter. Il
sent qu'il va devoir faire confiance. « C’est là que je devais avoir une
confiance aveugle… et le professionnalisme de son équipe ». Quand la fin est
inéluctable, je me demande jusqu’aux derniers mots, si tout va bien se passer
pour lui.
« Dans
un demi-sommeil, je me faisais le film. J’y étais. Combien seraient les
agresseurs ? … Combien de véhicules ? »
Grégoire
voulait juste être surveillant. Il ne pensait pas mettre sa vie en danger. Je
suis écœurée, mais malheureusement pas surprise par l’absence de réactions de sa
hiérarchie. Je sens bien la solitude du jeune homme face à une situation qui le
dépasse.
J’aime
bien l’écriture de Jean-Michel Sieklucki qui distille par-ci par-là des
souvenirs comme : « Je revivais Maigret. Il ne manquait que la pipe. » et
des clins d’œil au monde actuel « c’est vrai qu’aujourd’hui on ne fume plus qu’en
extérieur. Une manière nouvelle de faire le trottoir. On ne dit plus au
partenaire : tu montes ? mais plutôt : tu descends ? »
L’histoire
se déroule comme dans un film et le lecteur ne s’ennuie pas une seconde. Je la
qualifierai même de policière. Une belle réussite.
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