lundi 30 septembre 2019

Jean-Michel SIEKLUCKI


Résumé

« Ainsi vivait cette petite fourmilière, reflet de la société des hommes. Le pire et le meilleur s’y côtoyaient. Avec ses règles, ses valeurs, sa morale, ses maîtres et ses valets, ses lions et ses moutons. Et toujours, comme dehors, la même volonté d’écraser les autres à la moindre occasion. On dit souvent que la prison est l’école du crime. Je crois surtout, au moins pour les surveillants, que c’est une école de la vie. Un fabuleux laboratoire où peuvent s’examiner tout à loisir les diverses facettes de la nature humaine. Les plus sombres comme les plus lumineuses. Où l’on s’aperçoit que, mis en communauté, l’homme n’a de cesse de recréer les règles qui l’ont fait exclure de la société. Hiérarchisation systématique des rapports humains, intolérance à l’égard de ceux qui ont le tort d’être différents... Ils n’ont plus la liberté, ils rejettent avec force l’égalité, beaucoup ignorent la fraternité. Mais ils vivent dans les prisons de la République ! »

Après La chute d’Adrien Jean-Michel Sieklucki aborde à nouveau la vie carcérale, qu’il observe cette fois-ci par les yeux d’un jeune surveillant. Ce roman palpitant et débordant d’humanité met en lumière les difficultés auxquelles sont confrontés les membres de l’administration pénitentiaire pour mener une vie normale.

Mon avis

Grégoire Dumonchel a vingt-cinq ans et il vient de réussir le concours d’entrée dans l’administration pénitentiaire.
Il est fier et croit en son métier, à savoir aider ceux qui sont abandonnés par la justice. Il a la vocation et espère exercer son travail dans la sérénité.

C’est mal connaître ce milieu. Le lecteur comprend immédiatement que l’auteur maîtrise parfaitement son sujet.

Je suis rapidement happée par l’histoire de ce surveillant qui réalise son rêve. C’était sans compter sur les individus qui ne ressemblent en rien à ce qu’il a imaginé. Même si Grégoire savait qu’il n’avait pas dans sa prison, des enfants de chœur, il était loin de penser à ce qu’on pouvait lui demander à lui, jeune diplômé. Quand il se fait accoster chez lui, il ne comprend pas où cela va l’emmener et arrive « le temps des exigences ». Le titre prend alors tout son sens.

Il refuse de se laisser intimider, mais malheureusement les sollicitations se font de plus en plus violentes à l’extérieur. Obligé de déménager et de ne pas mêler sa copine à ses ennuis, le lecteur suit avec angoisse le suspense qui monte crescendo au fil des pages.

Je constate que Grégoire n’est pas seul. Il a des amis sur qui il peut compter. Il sent qu'il va devoir faire confiance. « C’est là que je devais avoir une confiance aveugle… et le professionnalisme de son équipe ». Quand la fin est inéluctable, je me demande jusqu’aux derniers mots, si tout va bien se passer pour lui.

« Dans un demi-sommeil, je me faisais le film. J’y étais. Combien seraient les agresseurs ? … Combien de véhicules ? »

Grégoire voulait juste être surveillant. Il ne pensait pas mettre sa vie en danger. Je suis écœurée, mais malheureusement pas surprise par l’absence de réactions de sa hiérarchie. Je sens bien la solitude du jeune homme face à une situation qui le dépasse.

J’aime bien l’écriture de Jean-Michel Sieklucki qui distille par-ci par-là des souvenirs comme : « Je revivais Maigret. Il ne manquait que la pipe. » et des clins d’œil au monde actuel « c’est vrai qu’aujourd’hui on ne fume plus qu’en extérieur. Une manière nouvelle de faire le trottoir. On ne dit plus au partenaire : tu montes ? mais plutôt : tu descends ? »

L’histoire se déroule comme dans un film et le lecteur ne s’ennuie pas une seconde. Je la qualifierai même de policière. Une belle réussite.


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