lundi 27 mai 2019

Dominique Borde - L'assassinat du patriarche


Résumé

Pontarlier, Franche-Comté́, près de la frontière suisse, de nos jours. Axel revient dans cette ville où il a vécu dans sa jeunesse pour assister à l’enterrement du « patriarche », un oncle sévère demeurant dans un château. À cette occasion, le narrateur se remémore les souvenirs liés à ces lieux qu’il pensait avoir oubliés. Des souvenirs remontant de la fin des années 1950 jusqu’à la fin des années 1960, mêlant moment de bonheur et d’humiliations, émois du cœur et trahisons. Un ton intimiste, écrit dans une langue rappelant celle des « Hussards » d’après-guerre.

Mon avis

Je me suis régalée avec ce livre truffé de phrases qui sont tellement imagées. D’ailleurs, si l’auteur voyait dans quel état est maintenant son œuvre, cornée à plusieurs endroits ! Oui, je laisse des traces de mon passage sur les livres quand je les chronique. Pourquoi ? Pour me replonger dans l’ambiance. Je n’agis pas toujours ainsi, cela dépend du contexte.

Je commencerais par cette phrase qui résume à elle seule, l’atmosphère de l’histoire.
« Le souvenir est un pays où l’on pénètre avec précaution ».

Aussitôt, je me suis vue pousser la porte aux souvenirs. Quelquefois, je l’entrebâille, et la referme vite. À d’autres moments, je l’ouvre en grand. J’aime beaucoup l’image des souvenirs qui jaillissent en se bousculant comme à une sortie d’école où les gamins déboulent en riant, faisant exploser de joie celui qui les a vécus.
Ici, ce n’est pas le cas. Axel au fur et à mesure qu’il chemine dans la maison du patriarche disparu, des clichés se rappellent à lui, quand il était petit, puis, pendant son adolescence. Il rencontre les personnages qui l’ont marqué. Il pousse les portes volontairement et est assailli de sentiments qui s’entrechoquent.

Axel n’a pas eu une enfance rigolote et même quand il devient adulte, je ressens cette tristesse permanente. Quand il se prépare pour assister à l’enterrement de son oncle « Une apparence toute neuve pour une journée qui sentirait le vieux » reflète son état d’esprit. Je me régale avec les jeux de mots qui illustrent tout à fait le ressenti d’Axel.

Il attend sa tante dans la maison où il a vécu enfant, pendant les vacances. Il y arrive doucement en s’imprégnant des anciennes sensations et c’est fou comme l’auteur sait m’embarquer.
Il erre de pièce en pièce comme s’il suivait un parcours et essaie de comprendre. Enfant, l’histoire du tableau l’obsédait. Alors, il s’assoit dans un fauteuil face à lui et se plonge dans ses pensées « Le désarroi de l’adulte rejoignait l’incompréhension du petit garçon ».

Beaucoup de sentiments sont exprimés dans cette histoire. Je ressens la tristesse, la douleur, le manque d’amour, énormément de haine, l’incompréhension encore. Cet enfant n’est pas vraiment apprécié dans cette grande maison avec ses cousins. La colère, quand les sous-entendus l’accusent, et les réflexions qui le clouent sur place et le giflent « Toi, tu n’as rien à dire. Tu es un va-nu-pieds ».

Le patriarche est mort. Son oncle est décédé. Axel qui a passé toutes les vacances chez lui, est le seul resté avec sa tante. Les autres sont repartis, pris par leur vie. Quel impact a donc eu sur lui cet homme pour qu’il soit encore là à errer dans le château ?

Il va fuir lui aussi et tout va s’effacer. Une dernière image de la bâtisse dans le rétroviseur.  Axel doit regarder devant, pas derrière. Il doit fermer la porte aux souvenirs et laisser dormir les fantômes. Il accélère pour les faire disparaître…



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