lundi 8 octobre 2018

Bernie Féré - Un chemin nommé Bertille Tome 1



Résumé

1960, Bertille, choyée au milieu des siens, fête son septième anniversaire. Mais il suffira d’une seule journée pour anéantir ce bonheur parfait, éloignant à tout jamais la fillette du confort de sa vie parisienne.

Mois après mois, chahutée par des événements douloureux, elle raconte sa vie et ses pensées dans des lettres déchirantes adressées à ses parents. À sept ans, elle trouve des raisonnements inattendus pour adoucir sa compréhension face à la mort et se lance à corps perdu pour découvrir le secret de sa famille.

Bertille livre avec une pudeur déconcertante ses réflexions et ses analyses, ses peines et ses tourments, ses joies et ses affections.  

Mon avis

Qu’est-ce que le destin ? Il rime avec chagrin et fin pour Bertille. Un chagrin sans fin.

Il y eut un jour où tout a basculé. Est-possible de perdre le bonheur comme ça ?

Je ne vous cacherai pas que j’ai eu beaucoup de mal avec cette histoire. J’en ai abandonné plusieurs fois la lecture tellement ma sensibilité était mise à rude épreuve. Encore aujourd’hui devant mon écran, j’hésite, je change les mots, je reformule mes phrases afin qu’elles retranscrivent véritablement ce que j’ai ressenti et croyez-moi ce n’est pas facile.

Je salue tout d’abord la plume toute en délicatesse de l’auteur Bernie Féré. Un vocabulaire et des dialogues savoureux que j’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir, variant suivant les personnages et m’arrachant des sourires ou des larmes.
Ceux de Tante Simone et Le Rémi me plongent immédiatement dans l’univers paysan avec leurs phrases bourrues et pourtant pleine de tendresse. Tandis que ceux de Patricia, Maman Violette et Arthur, Léonie et Gustave Testard sont beaucoup plus raffinés.
Bertille quant à elle, au grand dam de sa tante, parle avec un langage qui lui tourneboule la tête.

L’histoire de cette petite fille m’a fait penser pour ceux qui le connaissent au chemin de croix vécu par Jésus de Nazareth. Il avance en portant sa croix, trébuche, se relève, est aidé aussi sur ce chemin, pénible et douloureux.
De même cette petite fille de sept ans ne comprenant pas ce qu’il est arrivé à ses parents, avance, trébuche souvent, se relève comme elle peut, et avance à nouveau avec tout le courage qu’on peut avoir à cet âge-là. Elle ne comprend pas tout et avec ses mots qui me touchent profondément, elle écrit son ressenti et ce qu’elle croit être la vérité.

Je suis extrêmement remuée quand elle écrit ses lettres à sa maman Violette pour lui demander de retrouver le chemin de la terre. On lui a dit que ses parents ont emprunté le chemin du ciel et « la P’tiote » espère de tout son coeur qu’ils vont retrouver celui de la terre. En lisant ce qu’écrit Bertille, je suis malheureuse et souffre avec elle. J’ai envie de lui souffler qu’ils ne reviendront pas, moi l’adulte je ne le sais que trop bien, qu’il faut qu’elle l’accepte. Ses lettres sont déchirantes au fur et à mesure que j’avance dans le livre, car Bertille trouve le temps long et pense que ses parents ne retrouveront jamais le chemin de la terre. D’autant qu’à un moment de l’intrigue, la confiance de la petite fille va être sérieusement ébranlée.

Heureusement pour elle, l’auteur a mis sur son chemin des personnages-amis qui veillent autant sur elle, que sur son petit frère Germain et sa petite sœur Leslie. Tous, même la Tante Simone sont attachants.

Celle-ci est un personnage haut en couleurs que j’aime beaucoup. Elle cache sous une carapace dure et austère, un cœur qui ne demande qu’à aimer. Mais comment savoir aimer quand personne ne lui a appris ?
Rémi, son voisin, devient le grand ami de Bertille. Solide, courageux, il n’hésitera pas à braver la colère de sa voisine qu’il connait bien. Tout au long du livre, je découvre jusqu’où pourra aller la solidarité paysanne de cet homme, veuf, qui vit maintenant près de sa sœur Yvonne.

Patricia est la meilleure amie des parents de Bertille. Cette jeune femme remettra toute l’organisation de sa vie en question pour le bien des enfants orphelins.

Bien sûr gravitent autour de ce petit monde, des personnes telles que par exemple le Docteur Gallois qui est appelé à soigner Bertille et qui est aussi celui à qui on peut faire confiance.   Léonie et Gustave Testard qui s’occupent de Leslie et Germain.
Toute une panoplie de caractères différents qui va toujours dans la même direction : le bien des enfants.

C’est l’histoire aussi d’une joute de chaque instant entre Patricia et Simone. Deux mondes différents qui s’affrontent. Rémi, au centre, a un peu le rôle d’arbitre ou de médiateur. Celui qui triturant sa casquette à la manière de Bourvil essaie d’arranger les choses avec son parler à lui. J’adore ces dialogues. Il me semble les entendre claironner avec leur « Alors ça va Le Rémi ? » « Oui et toi « La Simone ? ».

C’est aussi une belle histoire d’amour, émouvante, racontée avec brio et tendresse.
Bernie Féré est une véritable artiste. Elle a orchestré ce livre alternant des passages allegro correspondant à la bonne humeur de Bertille et sa joie de vivre, adagio symbolisant sa tristesse, pizzicato collant parfaitement aux dialogues de Simone très piquante quand elle l’a décidé, pianissimo c’est Le Rémi.
Il y a forcément un final dans un orchestre… Quel sera-t-il ?

C’est grâce à ce talent que j’ai VU ce livre comme un film qui se déroule. Merci. Ce fut un bonheur.


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