Résumé
Au
milieu du XIXe siècle, dans une ferme du Limousin, la famille Ribéroux mène une
vie sans histoire jusqu’au jour où la petite Rose-May, confiée à la
responsabilité de son frère, Léonard, par ses parents, occupés aux travaux des
champs, est mystérieusement enlevée. On a beau interroger tout le village,
fouiller les environs, l’enfant reste introuvable et la disparition
inexpliquée.
Plusieurs
années après, Léonard croit reconnaître sa sœur dans les traits d’une ouvrière
porcelainière rencontrée lors d’une foire aux bestiaux. Mais l’inconnue se
dérobe, le laissant à ses questions. Pour le jeune paysan, c’est le début d’une
quête enfiévrée qui le mènera des manufactures de porcelaine de Limoges jusque
sur les traces d’un forçat du bagne de Rochefort à la poursuite d’une
bouleversante révélation.
Mon
avis
Quelle
belle plume !
Corinne
Javelaud m’entraîne immédiatement avec Brune dans sa ferme du limousin. Elle
accouche d’une petite fille dans une grange. Le décor est planté.
Brune
et Léandre Ribéroux sont un couple de paysans, travailleurs, qui ne font pas
d’histoires mais qui peuvent éveiller la jalousie. Ils ont un fils, Léonard, un
garçonnet aux boucles blondes.
C’est
lui qui a la garde de sa petite sœur quand les parents sont aux champs. Il
prend cette marque de confiance très au sérieux. Il est aussi très courageux et
n’hésite pas à aider à la ferme au détriment d’aller à l’école. C’est une perte
de temps pour lui. Son père m’amuse avec son dédain face à l’instituteur.
La
disparition de Rose-May est une épine plantée dans son cœur durant sa vie
entière. Il n’a jamais abandonné l’espoir de la retrouver et sa culpabilité fait
peine à voir. Je remarque avec émotion que jamais ses parents ne lui ont fait
de reproches. Alors qu’eux en ont entendu : on ne laisse pas une gamine de
3 ans à la surveillance d’un garçonnet. Léandre Ribéroux a parfaitement su
répondre et Brune a toujours défendu son fils.
Tout
au long du livre, je sens le chagrin du couple. Brune, qui continue son labeur
sans relâche. Elle n’épargne ni son corps, ni ses forces. Léandre, la rage au
ventre, qui exécute son travail, en silence. Ni l’un ni l’autre n’est bavard et
la tristesse est latente.
Léonard,
beaucoup plus bravache, essaiera de découvrir la vérité. Et quelle vérité !
Deux
mondes se côtoient : la porcelaine, la terre.
Les
pauvres, les riches. La jalousie et la réussite à n’importe quel prix.
Et le
silence.
J’aime
beaucoup Léonard. J’apprends à le connaître gamin, puis adolescent et enfin
adulte. L’auteur en a fait un personnage attachant, respectueux. Il est droit
dans ses bottes et sa vie est rythmée avec celle de ses vaches, des récoltes,
de la nature. Il est simple, et c’est cette simplicité qui m’émeut. Il cherche
la vérité sur la disparition de Rose-May. Pour cela, il va être secondé par
Bertille, la fille d’un rebouteux, d’un homme qui soigne avec les plantes et
qui a le don de connaître beaucoup de choses mais de ne pas les divulguer, sauf
à bon escient. Il ira jusqu’au bout de sa quête, bravant la crainte de ne pas
être bien reçu dans ce monde qui n’est pas le sien. Il croisera sur sa route
des gentils qui l’aideront et des méchants qui lui feront perdre beaucoup de
temps. Il ne s’imagine pas que la porcelaine tiendra une grande place dans sa
vie.
Je me
rends compte que chaque mot a son importance et que les personnages ne parlent
pas pour ne rien dire. De ce fait, retrouver Rose-May est difficile, car même
si certains pourraient savoir, ils se taisent.
J’apprécie
beaucoup le choix des prénoms. Léonard, Rose-May, Joséphin, Brune, Bertille,
Léandre…
Je
trouve aussi que la dignité est terriblement bien représentée dans cette histoire,
et ce jusqu’à la fin du livre où elle reste présente.
De
même, le respect et la justice sont des choses qu’on ne prend pas à la légère.
Je
retrouve ces sentiments au travail de la porcelaine, où pour citer les mots écrits
sur la 4ème de couverture « Avec une délicatesse et une sûreté de
touche digne de l’art de la porcelaine de Limoges… » Oui, Corinne Javelaud manie
sa plume avec délicatesse, légèreté, émotion, simplicité et je suis émerveillée.
Pas
un instant, je suis ennuyée par les descriptions nombreuses du travail de
porcelainier et tout comme le jeune apprenti, je regarde, je m’informe, j’admire.
Je salue les recherches approfondies effectuées pour avoir réussi à me captiver
et à me fasciner comme une petite fille.
L’ombre
de Rose-May plane, comme un ange… Je vous laisse avec elle…
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