Résumé
Au
crépuscule du XIXe siècle, le phylloxéra ravage les vignobles français. Dans la
région lyonnaise, Philidor est désespéré : ses vignes sont touchées par la
terrible maladie et il ne sait pas s’il pourra sauver la propriété familiale.
Malgré les difficultés, il trouve un peu de réconfort grâce aux yeux vert
émeraude de la belle Appoline.
Le
répit est de courte durée, car un violent conflit l’oppose bientôt à Antoine,
un parent éloigné qui souhaite la destruction pure et simple de tout le
vignoble contaminé. Le lendemain de leur dispute, Antoine et un autre homme
sont retrouvés assassinés au domaine, une corde autour du cou.
Des
souvenirs de trahison remontent à la surface et tous les soupçons se portent
sur Philidor qui va devoir se battre pour prouver son innocence et ne pas
perdre l’héritage familial…
Mon
avis
C’est
une atmosphère comme j’aime. Aussitôt, je suis captée par l’ambiance, ne
serait-ce que par le prénom d’Alphonsine, puis Honoré.
Sur
fond de dénonciation, de jalousie, de rancœur, Nicole Provence tisse sa toile
pour captiver son lectorat et j’apprécie. Le ton est donné immédiatement et j’entre
dans l’histoire, parce que l’auteur sait m’y faire de la place pour que je m’installe
et me laisse emporter.
Alphonsine
et Honoré s’aiment. La jeune femme est enceinte et près de son terme. Honoré se
cache. Il est dénoncé. Alphonsine accouche de Désiré.
Des décennies
plus tard, Philidor, qui a hérité des vignes de son père Désiré et de son aïeul
Honoré, se bat pour les garder. Attaquées par le phylloxéra, elles sont en
mauvais état sauf celles d’Honoré.
Une
palette de personnages, tous au caractère bien trempé, au physique toujours
décrit avec précision, défile devant mes yeux, et je me crois dans une pièce de
théâtre ou un film de Pagnol. Des gendarmes Gontard et Blavet, en passant par Marguerite
et Césarine, puis Eusèbe, Baptiste, et les gens du village, je ne retiens qu’une
chose, c’est qu’ils ont tous un rôle très important à jouer. Que ce soit
pendant les interrogatoires ou pendant la fabrication d’un chapeau, les
dialogues sont savoureux et je me régale.
L’intrigue,
Philidor est-il coupable ou pas, démarre après plusieurs chapitres, mais j’avoue
que j’avais rapidement trouvé le meurtrier, alors qu’il a fallu tout le livre
pour que les policiers s’en rendent compte. Il m’est arrivé souvent de penser
qu’ils devaient écouter Césarine, la femme de Gontard qui n’avait aucun doute.
Les sentiments
de Philidor quant à son héritage familial sont authentiques. Je reconnais qu’il
a le droit de s’interroger même si parfois, j’aurais apprécié qu’il soit un peu
plus réactif. À plusieurs reprises, quand il était plus jeune, l’envie de le
bousculer me titillait. L’amour prend également beaucoup de place, notamment lorsque
les souvenirs affluent. Il est finalement partout, à plusieurs degrés, mais c’est
lui qui prime devant la haine et la jalousie qui sont aussi bien présentes.
C’est
un très bon moment de lecture et je salue le talent de Nicole Provence qui, une
fois de plus, a su m’emmener avec elle dans ses domaines de prédilection le
terroir et les héritages familiaux, sans oublier la romance toujours bien
représentée.
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