Résumé
Réécrire de manière personnelle et novatrice un grand
classique de la littérature jeunesse du XIXe siècle, il fallait le faire.
C'est là le pari audacieux d’Éric Le Parc, qui
revisite sous un angle différent « Une Petite Princesse », chef d’œuvre
intemporel de Francess H. Burnett mille fois traduit et adapté.
Beaucoup connaissent déjà l’histoire de Sara Crewe,
jeune demoiselle née aux Indes que son père tant aimé, un richissime gentleman
Anglais, place le cœur lourd dans un pensionnat huppée de Londres. Et là, dans
ce lieu presque étrange, les choses finissent par prendre un tour plus sombre…
Avant que « la magie » n’opère.
Ce roman, plutôt destiné à un lectorat adulte,
explore les coulisses de cette histoire du point de vue de Miss Minchin, la
directrice du pensionnat. Il brosse sans concessions les dessous d'un
établissement pour jeunes filles de l’époque victorienne où sous le vernis des
conventions sociales, se dévoilent tous les mensonges d'un univers obsédé par
le paraître, le pouvoir et l'argent...
La sévère Miss Minchin de l’œuvre originale, s’y
dévoile comme une femme complexe et tourmentée et finalement… Humaine… Elle est
là avec son histoire, ses rêves, ses sentiments, ses doutes et ses obsessions…
C’est une femme que la vie a malmenée et qui, à force de travail est parvenue à
se hisser seule, envers et contre tout… À une place où elle n’est que trop
consciente d’avoir un rôle à jouer.
Mon avis
Immédiatement je suis plongée dans ce pensionnat
austère mené d’une main de maître par la sévère Miss Minchin.
Qui est-elle ?
C’est tout l’art d’Éric Le Parc de nous la faire
découvrir peu à peu au fil des pages.
Elle a ses problèmes, elle est malheureuse, elle a un
passé qu’on découvre peu à peu, elle est amoureuse, elle a une sœur Amélia dont
on a du mal à savoir si elles s’apprécient ou pas. Voilà l’écriture de l’auteur.
Tout est sous-entendu, non-dit, ce qui génère une ambiance oppressante dans ce
pensionnat.
Le portrait de cette Maria Minchin est fort bien
décrit. Le lecteur vit avec elle ses sentiments quand elle reçoit Lady Meredith,
ses angoisses face aux notaires, son trouble face à Maître Hodges.
C’est aussi une femme implacable et respectueuse des
conventions. Elle tiendra jusqu’au bout ses promesses vis-à-vis du père de la
petite Sarah.
La princesse Sarah, elle, est une jolie petite fille
riche, gâtée à outrance par un père absent.
Une petite fille finalement qui au fil des pages me semble moins sympathique
que Miss Minchin. Elle reste pourtant
une petite fille espiègle dont le lecteur découvrira en fin d’histoire que
finalement, c’est une petite fille comme les autres.
L’auteur a le don de me faire aimer cette directrice,
grise, sombre, mais que j’ai envie d’aider et de consoler. Non, elle n’a pas de
chance, oui elle se fait avoir, mais oui elle sait diriger et faire fructifier son
patrimoine.
Toute une galerie de personnages forts en couleurs défile
au cours de l’histoire. Ils ont tous leur importance.
Il y a la poupée Emilie qui joue un rôle assez
particulier et qui fait perdre la tête à la directrice. Le lecteur apprendra
pourquoi et comment Miss Minchin a des visions et entend des bruits bizarres.
Une atmosphère un brin colorée de spiritisme, de
bruits inconnus, une chambre particulière, tout cela rend ce pensionnat angoissant.
Mrs Bayle la cuisinière. Maria Minchin l’apprécie
beaucoup. C’est grâce à elle que disparaissent ses fortes migraines.
Les notaires… J’apprécie
les belles descriptions des bureaux des études notariales. Je ressens à chaque
fois le trouble de la directrice quand elle doit faire le compte rendu
financier de son pensionnat, quand elle reçoit leurs visites qu’elle soit d’accord
ou pas avec leurs demandes. Elle respectera jusqu’au bout les vœux du père de Sarah
et fera même plus…
Amélia la sœur de Miss Minchin, un brin trop discrète,
mais qui se révélera en fin d’histoire une femme au grand cœur.
C’est un joli portrait de femme que nous fait
découvrir Éric Le parc. Une vision tout à fait différente de l’histoire de la Princesse
Sarah mais ô combien sympathique et écrite avec un vocabulaire riche et
plaisant à la lecture.
Une très belle chronique 😊😊😊 merci beaucoup Isabelle 😊
RépondreSupprimerMerci Beaucoup
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