mercredi 8 janvier 2020

Alain Lebrun - La Fille de Fresselines



Résumé

Dans un village perdu au pied d'une colline, une carrière d'extraction de bauxite a fermé ses portes en raison des nombreux éboulements qui s'y produisaient. Un certain Emile Delagarde fait naître une légende selon laquelle ces méfaits seraient dus à la présence, sur les lieux, d'une duchesse vieille de 300 ans. La population a d'ailleurs aperçu la créature à diverses reprises ! Delagarde organise alors une battue qui va mettre fin à son existence.
L'homme est en fait commandité par la société qui détient la carrière et va ainsi pouvoir reprendre son exploitation. La créature, ayant été vue, est Hélène de La Frênaie ; elle a fui sa famille afin d'échapper au couvent. Grâce à un berger, elle est sauvée du complot ; elle va ensuite se lier d'amour avec lui. L'enfant, née de cette idylle dans le plus grand secret, devient très vite orpheline. Elevée par sa tante à Fresselines, elle possède dans ses gênes la rage de sortir de la misère dans laquelle elle vit et, aux prix de manigances, va retrouver une place honorable dans la famille de sa mère.

Mon avis

Immédiatement, je suis plongée dans une atmosphère lourde. Un patriarche inflexible accroché à ses idées, un château, j’aime.

Je découvre cet auteur Alain Lebrun, rencontré lors du Salon du livre à Brive, mais j’avais déjà reçu son roman parce que le résumé m’avait interpellé. Je ne m’attendais pas du tout à une histoire de cet acabit.

Hélène de la Frênaie qui a eu le courage de quitter sa famille pour ne pas terminer au couvent, tombe amoureuse d’un berger. Ils ont une fille et leur amour fait plaisir à voir. Malheureusement, la jeune femme va mourir et son mari perdu sans elle, ne lui survivra pas.
Jusqu’ici tout va bien, même si de vieilles légendes sont assez perturbantes pour les paysans du coin.

Ne vous méprenez pas, ce livre est très bien écrit, je l’ai beaucoup aimé, parce qu’il dégage des sentiments forts. Mais, l’héroïne, cette fille de Fresselines m’horripile au plus point. Elle ne respecte rien. Elle devine qu’elle vient d’une famille noble et refuse de vivre dans la misère. Elle fera tout pour en sortir, piétinant au passage tous ces gens qui pourraient l’aimer et qui l’aiment comme sa grand-mère. Elle s’appelle Isaure, elle sait lire, elle a pris le temps d’apprendre au grand dam de sa tante qui ne la comprend pas. Recueillie par elle, parce qu’elle ne pouvait faire autrement étant la fille de son frère, elle n’hésitera pas à vouloir la placer au château.
C’est sans compter sur l’aplomb d’Isaure qui ne reculera devant rien pour arriver à ses fins, c’est-à-dire rencontrer la comtesse. Elle y parviendra et fera en sorte qu’une soirée ait lieu. Elle en sera l’instigatrice et veillera à ce que tout se déroule parfaitement. Elle jubilera quand on l’appellera mademoiselle, et que les hommes de bonne famille la regarderont avec convoitise. Extrait « Ainsi, dès le lendemain matin, Isaure traversait la cour d’honneur, emprunta la route bordée de prairies et entra eu bureau de poste. Elle fut flattée que l’employée l’appelât Mademoiselle, qu’un jeune homme semblant être de bonne famille la dévisageât avec convoitise et qu’un vieux monsieur la saluât en ôtant sa casquette ».

Je suis subjuguée par son aplomb et je me demande comment se fait-il qu’elle mette dans sa poche tout le monde sans que personne ne s’aperçoive de rien. Elle traite les domestiques dont elle faisait partie comme des moins que rien et n’hésiterait pas à les faire congédier. C’est la méchanceté incarnée.

Adhémar, le pauvre garçon amoureux d’elle depuis l’enfance ne verra jamais qui elle est vraiment, il y abandonnera son cœur. L’adage l’amour est aveugle prend ici tout son sens et je grince des dents.

Jusqu’à la fin, j’ai pensé qu’Isaure allait avoir un sursaut de gentillesse, car ses parents tout de même étaient des gens bien… Hélas… J’avoue la chute me laisse pantoise !

Je félicite l’auteur qui a réussi à faire de son héroïne une personne que je n’aimerais pas fréquenter au quotidien. Jusqu’au bout, il a maintenu le cap, cette Isaure restera pour le reste de sa vie une femme imbue d’
elle-même et si le but était qu’elle ne soit aimée de personne, le but est atteint.

J’en ai oublié les décors, l’atmosphère, les paysages sublimes à souhait, les bavardages des paysans craquants et tellement bien représentés. Quand je vous dis que cette Isaure est une sorcière à sa manière pour manipuler les gens, c’est la vérité, elle m’a complètement subjuguée par son aplomb à parvenir à ses fins.

Je suis curieuse de savoir si l’auteur pensait à quelqu’un en particulier en écrivant ces mots…



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